Britt Marie Hermes est une ancienne naturopathe qui, après quelques années de pratique (de 2011 à 2014) a compris que tout le système (américain) était une gigantesque arnaque, et a décidé de tout arrêter pour pouvoir mieux dénoncer la discipline.

Elle vit maintenant en Allemagne où elle a repris ses études.

C’est lorsqu’elle a découvert que le responsable de la clinique privée où elle travaillait injectait à des patients cancéreux un produit non approuvé qu’elle a eu cette révélation. Elle définit la naturopathie ainsi :

La profession fonctionne sur un système d'endoctrinement basée sur des idées biaisées sur la santé et la médecine, pleine de rhétorique pseudo-scientifique, et chargée de méthode dangereuse et inefficaces.

Pour elle, les naturopathes doivent être mieux surveillés par les autorités médicales car ils ont un historique de mauvaises pratiques enveloppées dans les meilleures intentions. Depuis son départ elle travaille à éclairer les dites pratiques d’un œil extérieur.

Dans son post du 18 juin dernier, intituléThe anatomy of a detox scamelle montre à quel point il est facile d’abuser de la crédulité des gens en détresse (ou pas d’ailleurs) pour leur vendre tout et n’importe quoi.

Ses pitchs commerciaux se basaient sur sa propre expérience. Atteinte de psoriasis, elle vantait les mérites du programme de détox de sa clinique (The Right Detox) qui l’avaient libérée de ce problème :

Les plats préparés, les pesticides, et les autres produits chimiques nous rendent malades. Nous rencontrons ces toxines un peu partout. Pour être en bonne santé de nos jours, nous devons faire de la détox.

Très tôt dans ma vie j’ai appris à quel point la nouriture et les produits chimiques pouvaient affecter ma santé. Adolescente, on m’a diagnostiqué un psoriasis. Presque toute la surface de mon corps avait des plaques. Mon dermatologiste m’a prescrit des stéroïdes à utiliser jusqu’à la fin de ma vie. Quand j’ai demandé s’il y avait des alternatives, il m’a dit “C’est la seule”.

Le pitch explique ensuite comment grâce à ses recherches sur les produits naturels, et en arrêtant les stéroïdes, elle a trouvé une solution pour ne plus en avoir. Et comme elle dit plus loin dans l’article

Je me suis rendu compte à quel point c’était simple de convaincre les femmes qu’être en aussi bonne santé que moi était facile. Tout ce qu’elles avaient à faire était de suivre le programme de détox que je voulais leur vendre.

On relèvera la naïveté des gens qui tombent pour ce genre de discours, et les similitudes avec les vendeurs de produits miraculeux que l’ont voit dans les westerns sont flagrantes. Pour autant, on le sait, il y a toujours des gens pour tomber dans le panneau. C’est toujours le cas avec les joueurs de bonneteau, les sectes, etc.. Et le coup du complice qui d’un seul coup va mieux n’est ici amélioré que par le fait que l’oratrice est elle même le complice, et qu’elle porte sa blouse blanche avec marquéDrdessus.

Elle explique plus loin :

Les programmes de détox ne sont créés que dans un seul but : faire de l’argent. Je ne généralise pas. J’ai aidé à créer de tels programmes dans différentes cliniques. Et à chaque fois le choix des produits à inclure n’était basé que sur une seule donnée : les marges bénéficiaires.

Comme dans le système des sectes type Scientologie, on commence avec un programme de base, mais si on veut aller plus loin et vraiment se détoxifier, il faut acheter des programmes beaucoup plus cher.

La “deep detox” n’existe pas. Le concept même de détox est faux. Il n’y a absolument aucun bénéfice à faire de la détox. Nos organes n’ont pas besoin d’une pause dans leur activité physiologique, aucune boisson aux herbes n’aidera un organe à “fonctionner mieux” ou plus efficacement.

The Right Detox n’était basé sur aucune preuve scientifique crédible.

Au niveau marketing elle ajoute :

Nous prétendions que les patients pouvaient faire des économies en achetant en gros, ou en commençant leur programme de détox avec des amis. Nous espérions faire plus de profits en amenant les consommateurs à devenir des patients réguliers sur le long terme. Ça a marché.

Bref une arnaque en bonne et due forme. Oui, mais, me direz-vous, elle l’a essayé sur elle et ça a marché.

Elle aborde le sujet dans la dernière partie de son article :

J’ai récemment fait une rechute de psoriasis après une période sans plaques. Je l’ai mentionné à un collègue en lui disant qu’il faudrait que je dorme un peu plus pour m’aider avec mon stress. Il m’a suggéré de commencer un régime Paléo. Ça partait d’une bonne intention, mais sont conseil n’est confirmé par aucune preuve. Et ça peut être dangereux émotionnellement.

Elle raconte sa propre expérience (la vraie cette fois) :

Pendant des années j’ai embrassé l’idée que je pouvais contrôler ma santé en contrôlant mon régime et mon environnement. Et quand je tombais malade, je m’en voulais de ne pas assez bien manger et de ne pas assez essayer. On répète encore et encore aux étudiants en naturopathie d’embrasser leur médecine…/… Si on est gros ou qu’on a l’air malade, les patients ne nous prendrons pas au sérieux.

J’ai pris le conseil très à cœur. Je voulais exsuder le bien-être.

Et comme dans toute propagande équivalente, le fait de ne pas complètement réussir ces objectifs l’a entraîné dans une spirale de désordres alimentaires qui ont eu un impact important sur sa santé. Elle a fini par en sortir en comprenant que son psoriasis, elle l’avait, elle ne pouvait rien y faire. Et que sortir des points basiques (bien dormir, manger raisonnablement, faire de l’exercice) ne sert pas à grand chose.

La mode du détox s’appuie sur la culpabilisation du patient. S’il ne va pas au bout de sa détox, c’est de sa faute s’il est malade. S’il va au bout et qu’il est toujours malade, alors il faut en refaire plus.

Classique, efficace, dégueulasse.

On peut bien sûr se demander s’il n’y a pas autre chose derrière son départ de la clinique, une animosité avec le directeur ou allez savoir. On ne le saura pas. Et bien entendu, même si on estime que la détox est bidon, quand on est en bonne santé les conseils de manger sainement ne sont pas à jeter avec l’eau du bain. Moins manger, voire jeûner (c’est à la mode en ce moment) sont des pistes potentielles. Et chacun est libre de penser ce qu’il veut et de ne pas être d’accord. Moi je le suis avec elle, mais ça n’engage que moi.

Mais si vous tombez vraiment malade, passez quand même voir un docteur. On ne sait jamais…

Pour lire l’article en entier : The anatomy of a detox scam

Les traductions sont de moi, donc ne sont pas littérales mais plus pour traduire l’idée.

Crédit photo : Milo McDowell